Ce roman retrace l'histoire de 2 enfants de leurs 6 à leurs 16 ans, qui vont devenir adolescents d'avant l'entrée en guerre jusqu'à la libération en 1945.
2 destins croisés: l'un Werner Pfennig, jeune homme brillant, orphelin et allemand, va se trouver embrigader, d'abord dans une école d'élite puis dans le Nazisme grâce à ses compétences dans les émetteurs radio.
De l'autre Marie-Laure Leblanc, jeune fille orpheline de mère et aveugle, fille du serrurier du Muséum national d'histoire naturelle à Paris. Ils vont devoir s'enfuir de Paris, emportant avec eux un bien lourd secret maléfique mais protecteur.
2 destins parallèles dont les choix vont s'opposer: la résistance d'un côté, soldat au service d'Hitler de l'autre. Bien que Werner se soit laissé aller au nazisme, des garde-fous lui collent à la peau: sa soeur Jutta, sa "mère d'adoption" Frau Elena, son ami Frédérik et la petite fille à la cape bordeaux.
Et pourtant, leurs destins vont se rejoindre un tout petit instant à Saint-Malo, grâce aux souvenirs d'enfance de radiodiffusion d'émissions sur les sciences et les mathématiques.
Ce que j'en ai pensé:
Bien-sûr, on ne peut pas rester indifférent, on vit la guerre au travers des personnages, des 2 côtés de la barrière. De plus, ce sont des enfants qui ont été propulsés dans la guerre sans bien comprendre ce qui se passait. Faire des choix pour améliorer son sort, sa vie, avoir le recul ou le courage nécessaire. On voit bien qu'à ce niveau-là, les 2 personnages ne sont pas égaux... Et qu'être intelligent et brillant ne suffisait pas.La fin peut apporter une lueur d'espoir avec la "réussite des justes".
J'ai beaucoup aimé que l'action se passe à St-Malo, ville que je connais très bien, ce qui m'a permis de me plonger dans cette histoire de manière encore plus vivante. L'auteur a réalisé un gros gros travail de documentation et d'écriture. Beaucoup de références aussi aux mathématiques et à la physique, aux mammifères marins et à Jules Verne dont "20000 lieues sous les mers". Le livre est gros, environ 700 pages, et aucun temps mort. Un scénario bien orchestré avec un décor posé à la fin de la guerre et d'incessants allers et retours dans le passé et le présent, avec un bonus de futur à la fin (à la manière du film "Titanic" même si le sujet est tout autre). Une référence aussi à "La liste de Schindler" dans le comble de l'horreur: l'assassinat d'une petite fille innocente, au manteau bordeaux cette fois.
Quelques phrases qui m'ont interpellée:
"Malouins d'abord, Bretons peut-être, Français s'il en reste...Adhérer aux jeunesses hitlérienne devient une obligation (la course à l'excellence). Tout n'est que gloire, patrie, compétition et sacrifice...Tu sais quelle est la plus grande leçon de l'histoire? c'est qu'elle est toujours écrite par les vainqueurs. Celui qui juge, c'est la vainqueur... La mer murmure dans une langue qui voyage à travers les pierres, l'air et le ciel...Que disait son père? Considérer les obstacles comme des occasions, comme des inspirations... Sur la plage au moins, ses privations et sa peur sont purifiées par le vent, les couleurs, la lumière...une phrase d'un personnage de Jules Verne: "La science mon garçon est faite d'erreurs, mais d'erreurs qu'il est bon de commettre, car elles mènent peu à peu à la vérité"... Comment se fait-il que le cerveau, qui ne bénéficie d'aucune source lumineuse, édifie pour nous un monde plein de lumière?... ouvrez les yeux et voyez ce que vous pouvez avant qu'ils se ferment à jamais...