J’ai eu la chance d’assister mercredi dernier 19/10) à une représentation du « Principe d’Incertitude », qui a débuté au Théâtre Montparnasse le 22 septembre 2022, et qui se joue du mercredi au dimanche.
J’ai donc pu voir évoluer Laura Smet pour ses premiers pas en tant que comédienne de théâtre, accompagnée par le très aguerri Jean-Pierre Darroussin.
C’est dans un décor de gare avec ses immenses poteaux caténaires entre lesquels est posé un banc ultra moderne en plexi transparent (à la Philippe Starck ) que débute la pièce où on assiste à la rencontre de Georgie, jeune quadragénaire un peu paumée, et d’Alex, un boucher septuagénaire aux portes de la retraite.
Deux personnages qui n’ont donc pas grand chose en commun et que le destin (ou pas) semble vouloir réunir et nous démontrer le fameux « principe d’incertitude » de Werner Heisenberg (désigne toute inégalité mathématique affirmant qu'il existe une limite fondamentale à la précision avec ma laquelle il est possible de connaître simultanément deux propriétés physiques d'une même particule ).
Et le propos de Simon Stephens, l’auteur, pendant tout le déroulé de la pièce, est de démontrer par exemples et contre-exemples et diverses situations et retournements de situations, ce fameux principe, références scientifiques à l’appui énoncées par une Georgie hyper calée sur le sujet.
Tour a tour aguicheuse, déterminée, envoûtante envers Alex, elle brise aussi l’armure en lui montrant ses faiblesses et lui avouant sa vie désœuvrée. Pauvre Alex. Lui qui a à peine connu l’Amour et bien longtemps auparavant se retrouve totalement désappointé face à cette jeune femme (ou en tout cas de 30 ans plus jeune que lui). Il ne peut pas faire autrement que de la prendre sous son aile et de jouer les protecteurs, les bons samaritains.
Face à deux personnages aussi différents, on s’attend à de l’action et du punch. Or, pas du tout. Le metteur en scène, Louis-Do de Lencquesaing a fait le choix de la sobriété du début à la fin, sans envolée. Les acteurs sont dévoués a l’œuvre littéraire et ont pour mission de la mettre en valeur.
Laura Smet arbore un « timide » style à la Pumkie Bruster qui aurait pu etre beaucoup plus haut en couleur, avec un look encore plus accentué. Mais c’est le parti pris de la mise en scène… Le personnage de Jean-Pierre Darroussin qui est impeccable de présence et de charisme, est plus en retrait et met en valeur celui de Laura Smet. Il n’a pas besoin de beaucoup parler ni bouger, il Incarne. On sent le métier , le travail, l’investissement à son art.
La dualité entre les personnages est peu intense, c est tout en retenu, comme dans une poésie. . En contre-partie, le rire des spectateurs est discret, alors que certaines répliques sont très drôles. L’humilité de la mise en scène face à la qualité du texte ne doit pas l’annihiler. Ça empêche la pièce de décoller et c’est dommage.
Les acteurs sont pourtant investis. Laura Smet est hyper concentrée sur son texte (énorme) qu’elle connaît sur le bout des doigts, et sur ses déplacements. Elle ne prend pas encore assez la dimension public, n’utilise pas son énergie. Mais ce sont ses premiers pas sur scène, ça viendra. D’autant qu’elle est magnifiquement accompagnée et qu’elle ne pourra que progresser auprès d’un talent tel que Darroussin.
Comme toutes les pièces en début de parcours, il faut qu’elle se rôde, alors je la laisse s’épanouir comme un bon vin.
Au Théâtre Montparnasse (Paris 14e) jusqu’au 11 Décembre 2022.