Si j'avais su que ce livre était aussi triste, je ne l'aurais jamais commencé. Je fuis tout ce qui me fait pleurer, sachant que j'ai la larme facile et que je suis une vraie éponge.
Pourtant, j'aurai raté un magnifique roman, écrit avec tellement de talent.
Car, si la couverture m'a fait penser (je ne sais pas pourquoi) à une reconstruction amoureuse avec bonheur à la clé, et que le petit résumé au dos ne m'en a ni éclairé, ni dissuadé, jamais je n'aurai imaginé ce que j'y ai trouvé.
L'auteure s'attaque à un sujet difficile: les parents, et notamment sa mère, la souffrance d'après décès et toutes les questions que cela pose, les blessures que cela fait naître, la culpabilité de ne pas avoir été assez ceci ou trop cela, ... Comment cela nous a façonné, ce que nous avons cherché à ne pas être, à ne pas copier, mais qui nous attendri quand même.
Sujet compliqué donc, avec tout un vécu personnel de l'auteure, de sa soeur, de sa mère, de sa famille, si dur, (autour des décès, des suicides, des maladies, ...), à croire que le sort s'est acharné sur eux. Avec autant de malheur, de souffrances, on ne peut qu'éprouver de l'empathie et se sentir honteusement content d'avoir échappé à toutes ses horreurs.
Le récit est très personnel, mais malgré tout, on se prend vite à s'identifier à l'auteure, car nous avons tous un rapport très personnel à notre mère que l'on cherche à dompter, à canaliser, à améliorer, à pardonner.
Ce livre est un choc, un travail de deuil mené tambour battant au prix de recherches approfondies auprès de tous ses proches et ce depuis sa plus tendre enfance. Un besoin vital de comprendre, d'expliquer, de mettre des mots, de se rapprocher et d'apaiser.
Ce livre m'a remuée, m'a fait pleurer à chaudes larmes, m'a obligée à regarder la vérité en face et à me préparer (dans des conditions autres je l'espère). Ne pas fuir face aux malheurs, mais les affronter.
Delphine de Vigan nous livre ici un roman magnifique (je ne peux pas dire son meilleur, n'ayant pas encore lu les autres), tellement sincère, tellement abouti. Elle a dû encore souffrir à l'écrire, mais je pense que le résultat qu'elle a obtenu en allant au bout lui permet de voir aujourd'hui de la beauté et de la poésie partout, d'avoir confiance en l'avenir. Et je suis sûre que quand elle pense à sa mère, elle ne peut s'empêcher de sourire. Grâce à ce travail, elle a offert à sa mère la paix et la sérénité.