Focus sur « ARÈNE », roman de Negar DJAVADI : vous avez tous entendu parlé du jardin d’Eole et du quartier Stalingrad à Paris XIX qui craque à cause du crack et des toxicos #stalincrack .
Et bien ce roman se passe justement dans ce quartier très cosmopolite où tous les individus sont représentés. Pour tous ceux qui se sont déjà baladés dans les environs, les personnages nous parlent, on a l’impression de les connaître, de les croiser régulièrement,
Ce thriller psychologique tourne autour de la mort d un jeune du quartier retrouvé mort sur un trottoir. Et l attitude d une policière jusque là irréprochable va mettre le feu aux poudres après avoir été filmée à son insu et diffusée sur la toile. Qui a tué l’adolescent? N’étant pas né du bon côté de la barrière, la bande du quartier décide de lui faire justice eux mêmes considérant que la police ne fera rien pour eux. Les émeutes ne vont pas tarder.
Parallèlement, Benjamin Grossman, ex enfant du quartier qui a réussi dans la production de séries tv, a concrétisé son ascension sociale en s’éloignant pour le quartier latin et la rue Mouffetard. Toutefois ce jour là, Il rend visite à sa mère pour lui annonce une grande nouvelle. Une avalanche de circonstances (l’hébergement par sa mère d’un jeune réfugié, l’empressement de sa mère à vouloir le voir partir…) vont le déstabiliser. En allant acheter des cigarettes, il oublie son téléphone. La perte de cet objet sacré, vital qui le relie nuit et jour avec son job et son patron, va finir de le rendre fou. Il se remémore la scène et finit par déduire que c est « ce gars là » qui l’a bousculé en sortant du bar tabac pour mieux le lui voler. Il part alors à sa recherche, le retrouve, le suit, le frappe violemment, et gratuitement. Sa tête heurte le sol, il entend un mauvais bruit mais le voit ensuite repartir. Ouf!
Mais lorsque Benjamin Grossman se rend compte le lendemain que le gamin mort sur le Canal ST Martin n est autre que ce même ado, la peur et la culpabilité l’envahissent… et si il était devenu un meurtrier?
Un vrai tourbillon de personnages gravite autour de ce meurtre. Tout le monde y va de sa spéculation et tout le monde a un mobile. C’est tellement bien écrit, les personnages sont tellement vivants, réels, on ressent toutes leurs émotions. J’angoissais en même temps que Benjamin. Pour tous ces personnages, la vie, le destin ne tiennent qu’à un fil. Un seul faux pas et tout bascule. On n’est anonyme nulle part. Tout le monde nous voit, tout le monde, même involontairement. On peut se retrouver sans involontairement sur une vidéo virale, faire le buzz sur les réseaux sociaux, et TOMBER.
L’auteure, Negar DJAVADI, connaît vraiment bien l’Homme, l’Humain, ça se sent qu’elle l’a étudié sous toutes les coutures. On pourrait même croire quenelle est psychanalyste.
J’ai adoré son écriture, son rythme, son style. J’aimerais qu’elle fasse une suite, qu’elle creuse davantage certains personnages (la mère de Benjamin, le jeune réfugié, la jeune qui a filmé, le pote d enfance devenu politicien et ambigu avec l’islamisme … et même la petite vieille qui passe tous les matins avec son caddie. Si elle apparaît à un moment dans le roman, elle doit bien jouer un rôle aussi, non?).
Et quand on me dit, « y a trop de description, ça ne m’intéresse pas d’avoir 2 pages sur une camionnette blanche qui fait le tour du quartier 3 fois avant de trouver une place pour se garer… ». Mais au contraire !!! Cette fameuse camionnette blanche, c est la clé du roman. Si le chinois ne l avait pas abîmé en se garant, il n’ aurait pas eu à rembourser son patron et donc à voler le téléphone. Et tout cet énorme bazar n’aurait jamais eu lieu.
On sent vraiment bien l’atmosphère explosive de ce quartier. Un rien, une simple mèche peut mettre le feu au poudre. « Paris brule-t-il »? On voit bien la démission des politiques depuis bien trop longtemps face à ces quartiers qui laissent les problèmes se gangrener et les habitants se « démerder». Clin d’œil à la Maire de Paris?
J’ai découvert ce roman grâce au « prix du 2eme roman » de Laval et je les en remercie vivement. Negar DJEVADI est vraiment une auteure que Nani envie de découvrir davantage, notamment avec son précédent roman « Désorientale» sorti en 2016 et qui a reçu de nombreux prix.