Le sujet est difficile et pourtant traité avec amour, pudeur et bienveillance.
La narratrice, Ellie, raconte le quotidien de sa famille, entourée de ses parents et de sa grande sœur Rose. Elle est jeune, étudiante, brillante, tout pourrait être au mieux dans le meilleur des mondes. Et pourtant…
Sa grande sœur Rose, dont elle est très proche et qu’elle admire, est en train de changer petit à petit sous le regard médusé de ses proches. Son pire ennemi: elle.même et sa balance alimentaire. Elle veut tout contrôler: sa prise de nourriture, son poids, son corps. Elle qui rêvait d être mannequin, est rattrapée par la dure réalité: elle est trop petite…
C’est ainsi que tout le monde voit la descente aux enfers de Rose qui sombre dans la maladie: l’anorexie. Entre culpabilité et colère, Ellie, spectatrice démunie, se raconte et raconte aussi ses parents et sa cœur chérie.
Mon avis:
Ellie n’y va pas par Quatre Chemins, elle ne laisse pas l’histoire s’installer et ne ménage pas le suspense. Sa sœur Rose était anorexique et elle en est morte. Voila, autant se débarrasser de ce poids, de cette cruauté au plus vite. Ellie ne lésine pas non plus sur la transformation du corps de sa sœur de plus en plus décharné. Il faut marquer les esprits pour faire prendre conscience.
Apres, elle prend le temps de décrire leur histoire familiale, l’histoire de sa sœur, de sa maladie, comment chacun des membres de la famille affronte la situation, se le reproche, veut aider au mieux en espérant ne pas provoquer l’effet inverse, en gardant de la joie et du courage bien que ce soit difficile, qu’on a envie de craquer, pleurer, hurler à chaque instant. On lui en veut et en même temps on sait que ce n’est pas de sa faute,c’est la maladie qui s’est insinuée dans sa tête, dans son corps et qui a fini par la dominer complètement jusqu’à l’issue fatale. Comment accepter à 20 ans que sa sœur meurt à cause de la nourriture, comment accepter quand on est parent que son enfant meurt parce-ce qu elle voulait être belle, parce que son rêve s’est brisé.
Ce roman expose tour à tour les pensées et le ressenti intime des personnages pour des mêmes moments de vie. Il raconte la descente aux enfers d’une jeune fille, belle, aimée, qui avait tout pour réussir. Rien n’y a fait, la maladie a été plus forte. Elle s’est invitée dans cette famille, qui ne le méritait pas. Ni personne. Cette maladie soudaine et injuste, dont le combat est extrêmement difficile. Personne n’est à l’abri. La tête et le corps sont parfois si dissociés et en lutte l’un contre l’autre.
Ce roman, très beau, très réel, en hommage à une sœur et une enfant disparue trop vite, m’a ému aux larmes.
Toutes ces émotions contradictoires font résonance en nous-même, malgré tout l’amour et la bienveillance que l’on peut porter à un être cher. C'est la maladie qu’on destrste à travers elle.
La plume d’Helena DAHL est une belle découverte, émouvante, envoûtante. Je vous la recommande.