"Les Jumeaux Vénitiens" du grand Carlo Goldoni, sont la tête d'affiche du Théâtre Hébertot de cette saison, juste après "12 hommes en colère" à 19 heures, dont je vous ai parlé la semaine dernière.
Le Pitch:
Alors que Zanetto et Tonino ont été séparés depuis longtemps et ne se voient plus, l'un vivant à Venise, l'autre à Vérone, ils ont chacun rdv avec leur fiancée: l'un chez sa promise pour les présentations, l'autre doit retrouver celle qui a quitté parents et famille pour le rejoindre.
Alors qu'ils ne le savent pas, ni aucun autre d'ailleurs, ils vont se retrouver ensemble sans se croiser, à Vérone. Mais les personnes gravitant autour d'eux vont être confrontés tour à tour à Zanetto et à Tonino, laissant place à des quiproquos et des situations burlesques. Les 2 frères se ressemblant comme 2 gouttes d'eau certes, mais intellectuellement et culturellement très opposés, avec des manières de montagnard plus ou moins dégrossies, et même si les 2 sont de vrais italiens charmants et charmeurs, l'un est tout de même beaucoup moins gentleman que l'autre.
Mon avis:
Vous aimez Molière? Vous allez forcément aimer Goldoni, son alter-ego italien du siècle suivant. Tous les codes de la comédie classique y sont: les quiproquos, l'amour, les promises, les valets et servantes (respectivement Arlequin et Combine), la figure paternelle, l'idiot du village, le traitre, ... Et comme toujours dans ces cas là, le bien triomphe du mal, la vérité éclate, quitte à faire quelques dommages collatéraux.
La mise en scène est prodigieuse: 10 acteurs, 12 personnages et 3 décors. Maxime d'Aboville, qui joue à la fois Zanetto et Tonino est absolument fabuleux. Présent environ 1h50 sur scène sur les 2 heures, devant endosser 2 personnages différents avec une façon de parler singulière, un accent montagnard à couper au couteau, des postures et des mimiques différentes qui font qu'avant même qu'il parle on sait lequel des 2 est en face de nous.
Dans le casting, je ne connaissais qu'Olivier Situck. Comme la distribution est très importante (12 personnages), je les voyais entrer tour à tour sans le voir apparaitre; Allez savoir pourquoi, j'étais persuadée qu'il jouait un gentihomme en habit, voire qu'il était l'un des 2 jumeaux. Bref, il m'a fallu à peu près 1h pour me rendre compte que le très grand acteur qui jouait Pancrace, l'homme de confiance de Rosaora (dulcinée de Zanetto) et de son père, que je prenais pour un sosie de Serge Lama, n'était autre que lui. Preuve d'un grand talent, il est tellement dans son personnage, qu'on en oublie celui qu'on connait, maquillage et costume à l'appui.
Très belle pièce, intelligente, riche, à voir et à revoir, car il y a beaucoup d'informations à assimiler et c'est un bon prétexte!
Merci à Xavier Chezleprêtre pour m'avoir permis de découvrir cette pièce, ainsi que Goldoni dont j'avais beaucoup entendu parler mais jamais eu l'occasion de lire ni de voir sur scène.